Alliance inter-espèces

ACTUALITÉ

Un Monde Immense - Ed YONG

Une immersion passionnante dans une nouvelle dimension : autant de bulles sensorielles que d’espèces animales !

Avec son vertigineux récit Un Monde Immense, le journaliste scientifique Ed Yong nous convie à un voyage hors du commun sur le monde propre à chaque espèce animale ; l’umwelt. Comment l’animal l’expérimente t’il et de quelle manière perçoit-il son environnement ?

Nous partageons cette planète avec d’autres êtres vivants et chaque espèce a une manière singulière de l’habiter. Ed Yong nous invite à une immersion étourdissante en investissant une multitude de mondes intérieurs comme autant de réalités alternatives et parallèles. Notre Terre foisonne de vibrations, de secousses, d’odeurs, d’images et de sons. Au fil des siècles, les biologistes des sens ont dû penser comme des artistes, en laissant leur imagination éclairée s’adosser à la science pour nous révéler ce que nous ne voyons pas.

Le premier pas pour appréhender l’umwelt d’un animal est de comprendre à quoi lui servent ses sens. Au cœur de perpétuelles controverses ressurgit la notion de souffrance pour les poissons, insectes ou crustacés. La distinction entre la douleur et la nociception (le fait de retirer mécaniquement une patte en cas de brûlure) est une question moralement vitale car elle affecte les normes régissant pêche, abattage, expérimentation animale et consommation.

Le toucher reste l’un des sens les moins étudiés et pourtant il convoque l’intimité et l’immédiateté. L’humain lui, cartographie son monde avec ses rétines ; la souris et le phoque avec ses vibrisses. Le poisson a un super pouvoir insoupçonné : une ligne latérale lui permettant de détecter de loin des informations essentielles à sa survie : c’est le toucher à distance. Pour rester en vol, un oiseau doit sans cesse ajuster la forme et l’angle de ses ailes pour lire le vent qui le porte. Sinon, c’est la chute libre. 

En se déplaçant, tout animal reçoit deux informations de ses organes sensoriels : celles extérieures et celles produites par son propre corps. C’est ici qu’intervient la notion de sentience et peut-être sa raison d’être : un processus de distinction perpétuelle des expériences entre ce qui est autogéré et ce qui est généré par un autre.

Les animaux ne peuvent pas comprendre le monde autour d’eux sans se comprendre eux-mêmes. Le monde sensoriel d’un animal n’est pas distinct de son corps. C’est un tout.

Cet ouvrage limpide, foisonnant et scintillant, embrase notre conception de toute vie sur terre et a reçu les ovations de lecteurs électrisés par tant de chatoyance et de poésie. La splendeur se cache dans les détails d‘ Un Monde Immense. Immense car il nous invite à retrouver de l’imprévu poétique dans le familier, du sacré dans le profane, du sens par les sens.

En prenant conscience de la particularité et de l’incomplétude de notre perception de l’Autre, nous l’enrichirons : faire toute la place à la sensibilité non-humaine et aux autres espèces pour envisager un monde qui aurait encore plus de sens, telle est notre ultime mission pour modifier la trajectoire inquiétante d’un avenir incertain.

En initiant des projets de coopération entre humains et animaux, Alliance Inter-Espèces s’appuie sur la médiation animale et la communication intuitive. Ed Yong lui, nous dévoile 1001 umwelt propre à chaque espèce. Notre plus grand talent sensoriel est de nous pencher sur le monde des animaux et nous sommes la seule espèce capable de le faire. En nous invitant dans leur univers, nous recevons cette bénédiction, même si nous ne l’avons pas méritée.  Pour tendre vers une future alliance ?

23 NOVEMBRE 2023